La photographie numérique offre de nombreuses facilités supplémentaires par rapport à la photographie argentique. Il est ainsi beaucoup moins onéreux de réaliser de nombreuses images, et possible de les consulter sur le terrain. Pourtant, la photographie animalière est plus exigeante. Il est important de maîtriser à la fois le domaine de la photographie et la connaissance des animaux. Intéressons-nous à ces deux domaines.
En photographie
La photographie consiste à capturer sur un film, la lumière visible à l’œil nu. Jusque-là, aucun souci. Cela paraît simple.
Mais la lumière naturelle est plus belle en début et en fin de journée, lorsqu’elle est rasante. De plus, les animaux se montrent mieux dans ces moments-là. La luminosité y est cependant plus faible qu’en pleine journée.
Et comme il s’agit d’animaux sauvages, ils sont souvent en mouvement. Il faut donc utiliser des temps d’exposition relativement courts pour éviter le flou, et ainsi ne capter que peu de lumière. Il faut donc toujours faire un choix entre les différents réglages de l’appareil afin d’avoir des photos nettes tout en étant suffisamment claires.
De plus, il est important de savoir manier son appareil assez rapidement pour pouvoir immortaliser l’animal avant que ce dernier ne prenne la fuite.
En nature
Les espèces animales présentes dans les Alpes sont nombreuses et ont toutes leurs habitudes propres. Pour trouver des animaux il faut déjà connaître des endroits où ils sont présents: ces coins restent en général assez secrets. Le photographe détermine tout d’abord quel animal il souhaite particulièrement observer. Il recueille des informations telles que des témoignages de promeneurs, des indices de présence (traces, excréments, …) et observe le milieu (type de végétation, altitude, …).
Il est important de s’y rendre et d’observer durant toute l’année. Certains animaux se déplacent avec les saisons, d’autres hibernent, mais le réveil des marmottes, des jeunes animaux insouciants qui jouent au soleil ou des bouquetins se prêtant à un combat au printemps sont vraiment des instants magiques !
Photographier un animal sauvage n’est pas seulement prendre une photo sur laquelle on voit dans un coin les fesses du dernier bouquetin d’un troupeau qu’on aurait effrayé, ce d’autant plus qu’il arrive souvent que l’on fasse fuir les animaux que l’on veut observer, parfois parce que l’on n’est pas assez discret mais souvent parce que l’on n’a tout simplement pas vu l’animal.
Réaliser une belle photo est surtout, pour moi, photographier un animal dans son environnement. L’arrière-plan et l’attitude de l’animal comptent beaucoup dans une photographie. De plus, un regard échangé est un partage entre l’animal et le photographe, sans forcément que cet animal soit dérangé par la présence de ce squatteur. Arriver à capter une émotion chez un animal est une chance extraordinaire.
Mais pour arriver à capter ce que l’on veut, il est primordial de s’adapter à l’animal. Certains animaux, comme les bouquetins, sont souvent moins farouches que d’autres, comme les cerfs ou les loups. Les photographes adoptent alors deux techniques distinctes.
Le suivi
Cette méthode consiste à se déplacer de manière la plus discrète possible. On marche avec de nombreuses pauses, en observant et en étant sensible à tous les indices présents. On doit continuellement être prêt à saisir son appareil et à le déclencher. On se met alors souvent à terre ou derrière un arbre afin de rester discret. Il faut toutefois être conscient que, aussi discret que l’on soit, on fait toujours du bruit, surtout en marchant. Il est impossible d’éviter le bruit des feuilles mortes, de branches qui crochent le sac à dos. Il faut éviter de « suivre bêtement » des animaux. Ceux-ci risquent d’être dérangés et … ils se déplacent bien plus silencieusement et rapidement que nous.
L’affût
Autre méthode, on procède à des repérages d’indices laissant espérer la présence d’un animal dans un secteur et on se camouffle pour attendre que ce dernier veuille bien venir. Pour ce faire, on construit généralement un affût, sorte de cachette ressemblant à un arbre ou à un buisson, petit endroit dans lequel on peut passer quelques heures, voire quelques jours. On y installe donc un siège (naturel le plus souvent), on y pose son trépied, et on recouvre le tout avec des filets de camouflage, des branches cassées et d’autres éléments naturels. Dans l’affût, on évite de faire du bruit et de laisser des odeurs.
Une mauvaise reconnaissance ou une erreur (odeur, bruit émis, lumière la nuit) incite les animaux que l’on attend depuis des heures à emprunter un autre chemin. Si, par contre, on peut observer l’animal souhaité venant brouter ou jouer, ne serait-ce que quelques minutes, les heures d’attentes sont vite oubliées.
Les photos sont-elles retouchées sur photoshop ?
Comme mentionné ci-dessus, beaucoup de facteurs peuvent faire louper un animal ou une photo, et il est important d’en être conscient. Il s’agit de travailler dans des conditions difficiles, dans le chaud ou le froid parfois extrême, sous la pluie, avec du vent, de faibles lumières. De plus, l’appareil photo enregistre des milliers d’informations pour une seule photo affichée, d’où l’avantage du format RAW. Les nouvelles technologies permettent aussi de réaliser des centaines, voire des milliers de photographies en une seule journée. La première étape du travail informatique est donc de trier les photos.
Les applications de retouche de photos comme photoshop offrent de nombreuses possibilités de transformations d’images et permettent de se distancer de la réalité, d’ajouter ou d’enlever un animal, une branche, une herbe, d’assombrir, d’éclaircir, etc.
Dans mon travail, je souhaite que la photographie finale ressemble le plus possible à la réalité et me limite donc aux corrections de mes erreurs de prises de vues. Je vais par exemple recadrer une image, l’assombrir, l’éclaircir, etc. Mais je n’ôte pas une herbe devant un animal. Donc oui, presque tous les photographes utilisent photoshop, un peu ou beaucoup, trop parfois, je le fais aussi. Cependant, je m’efforce de toujours garder en tête mon envie de fidélité. La nature m’a offert ce jour un beau spectacle et c’est ce spectacle-là que je veux montrer, pas celui que je n’ai pas vu.
D’où viennent ces images ?
Toutes les photos animalières présentées sur ce site ont été prises dans les plus beaux coins du territoire valaisan.